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« Et que faire à présent? », cette phrase fut la première a heurter son esprit le jour de son arrivée à la tête de cette gare. Celui d’avant, tombé subitement malade, n’était jamais revenu. Il s’était donc débrouillé seul: il avait trituré le tableau de bord dans tout les sens et étudié les réactions ferroviaires que cela engendrait. Les premiers temps quelques trains en avaient fait les frais mais depuis la gare fonctionnait mieux que jamais.

Aujourd’hui, il savait que le levier de gauche agitait l’aiguillage d’entrée. Il l’utilisait principalement pour accueillir les trains venu du sud, cela leur donnait le sourire. Le levier de droite assez logiquement agitait l’aiguillage de sortie. Celui-ci était moins sympathique. Il en usait sur les trains flemmard qui roulaient sans conviction pour les rappeler à leur joie de servir le rail. Quand aux autres boutons, il les trouvait très jolis mais il n’avait jamais réussi à en définir l’utilité. Il se contentait alors d’appuyer dessus de temps à autre pour faire bonne figure.

A vrai dire il y en a un qui malgré son inutilité lui plaisait plus que les autres. Ce devait être autrefois un bouton d’alarme. Aujourd’hui, avec l’agitation démesurée de cette gare, plus personne n’y prêtait attention.

Lors des heures creuses, lorsque les trains se faisaient plus espacés, il se dressait très sérieusement sur son siège, prenait un regard grave et criait à tue tête: « Alerte! Alerte! ». Dès que deux ou trois voyageurs proches tournaient leur yeux vers lui, il activait son bouton préféré. En réaction, le clocher au sommet de sa tête se mettait a retentir de toute ses forces, laissant le public médusé.

Enchanté de sa blague, il éclatait à chaque fois d’un fou rire incroyable qui le réjouissait pour le restant de sa journée.

Sandro Dall’Aglio