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Enchanté par sa blague, il éclatait à chaque fois d’un fou rire incroyable qui le réjouissait pour le restant de sa journée. Un beau jour, un cheminot était attablé au buffet de la gare, devant sa traditionnelle assiette de spaghetti à l’aromat, quand l’alarme retentit. « Quel vieux fou cet aiguilleur ! Un rien l’amuse ! » Ceux qui ne le connaissaient pas auraient perçu dans ce commentaire une pointe de dédain… Mais il n’en était rien. En réalité, il l’admirait. Comment faisait-il pour rendre son travail ordinaire si extraordinaire juste en carillonnant gaiement de temps en temps ? Il réfléchit…

Cela faisait des années qu’il sillonnait les chemins de fer de ce petit pays et qu’il endurait son métier plus qu’il ne l’appréciait. A la longue, il avait développé une intolérance au bruit des trains et ne quittait plus son casque de fonction. Il se levait chaque jour de bon matin, suivait Madame la Routine en trainant les pieds, travaillait machinalement et attendait, patiemment, que la journée s’achève. Ce n’était pas une vie et il le savait… « Ah! Si seulement j’avais pu faire une école de danse… ! » Car oui, ce cheminot-là était un très bon danseur. Son temps libre, il le consacrait à sa passion : il dansait chez lui, dans la rue, dans les bars, sous la pluie ! Ses mouvements étaient si gracieux que bien souvent, des gens s’arrêtaient pour le regarder… Mais voilà, cette vocation, il l’avait abandonnée depuis bien longtemps… Il fallait qu’il gagne de l’argent et qu’il prenne ses responsabilités.

Ce jour-là pourtant, il sentit que l’aiguilleur fou lui avait sonné les cloches. Il réalisa qu’il devait, certes, accomplir ses obligations mais qu’il pouvait y injecter une mini-dose de rêve. D’un geste décidé, le cheminot repoussa alors son assiette, but sa dernière gorgée de bière (ou de thé ?), paya l’addition et retourna travailler. Sauf qu’au lieu de cheminer bêtement le long des voies, il se mit à danser… Un voyageur, le nez collé contre le vitre, sourit en le regardant et pensa : « Quel vieux fou ce cheminot ! Un rien l’amuse ! » Ceux qui ne le connaissaient pas auraient perçu dans ce commentaire une pointe de dédain… Mais il n’en était rien. En réalité, il l’admirait. Comment faisait-il pour rendre son travail ordinaire si extraordinaire juste en dansant gaiement de temps en temps ? Il réfléchit… Et… Vous connaissez la suite ?

Noémie Pétremand