Cher Docteur,

J’ai bien reçu votre lettre désagréable du mois dernier et je comprends bien votre énervement. Il est vrai que cela fait trois mois que vous attendez mon certificat de dents annuel. Comme vous le mentionnez, pour un poisson-photo cela ne devrait pas poser problème de fournir un cliché de dents en temps et en heure. Malheureusement, comme vous allez pouvoir le constater, c’est bien là que réside la source de ce terrible délai.

Vous apprendrez, cher Monsieur, que si je suis dans l’impossibilité de vous fournir ce cliché, c’est pour cause d’une terrible panne à l’articulation de mon appareil photo. J’ai malgrétout procédé à  quelques tentatives photographiques. Enthousiaste, je pensais qu’en ouvrant suffisamment la bouche, elle pourrait malgré tout entrer dans le champ de l’appareil. Ce qui m’a valu, vous vous en doutez, la moquerie de mon entourage. Pourtant, plus que de l’idiotie, c’était réellement l’envie de vous fournir mon certificat qui fut à l’origine de ce mouvement désespéré.

Constituant aujourd’hui la risée de ma race par votre faute, je vous prierais donc de faire preuve de compréhension àl’égard de ce retard et de m’envoyer un miroir dans les plus brefs délais.

Veuillez croire, cher Docteur, àmes salutations les plus sincères.

Walter John Winterbottom

 Texte de Sandro Dall’Aglio